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le cyclisme va décidémment très mal .......
C’est une mini-bombe qui secoue de nouveau le monde du cyclisme professionnel aujourd’hui puisqu’on apprend qu’Oscar Pereiro, officiellement 2e du Tour mais potentiellement son vainqueur si Floyd Landis était convaincu de dopage à la testostérone, a fait usage de salbutamol durant le Tour, les échantillons prélevés lors de la traversée des Alpes en contenant significativement.
Rappelons que le salbutamol est un béta-2-agoniste retrouvé dans les pompes utilisées couramment par les individus souffrant d’asthme. De telles pompes sont très en vogue dans tous les pelotons du monde puisqu’elles dilatent les bronches et améliorent du fait même leur capacité de faire transiter l’oxygène vers le sang.
L’affaire ne sort que maintenant puisque Pereiro avait fourni, suite à son contrôle positif, une de ces fameuses autorisations d’utilisation à des fins thérapeutiques (AUT) délivrée par l’UCI. L’UCI avait donc classé l’affaire sans suite. Mais l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) n’entend pas en rester là et a contacté Pereiro pour lui demander les raisons médicales de cette AUT, soupçonnant que les AUT servent, dans de nombreux cas, à cacher une pratique dopante. Advenant le cas ou Pereiro serait incapable de justifier une telle AUT, l’AFLD pourrait ouvrir une procédure disciplinaire contre le coureur. Il pourrait connaître des sanctions allant de la dépossession de sa 2e place sur le Tour 2006 voire son exclusion du Tour 2007. Pereiro a jusque jeudi prochain pour fournir les documents.
Que peut-on dire de cette nouvelle affaire ?
Premièrement, le cas Pereiro soulève tout le problème des AUT, un problème bien connu depuis des années maintenant puisque leur nombre a été fortement à la hausse récemment. L’UCI tarde à faire le ménage là dedans, plutôt occupée à préserver ses intérêts avec le ProTour. Saluons le courage et la détermination de l’AFLD – en collaboration avec Conseil de prévention et de lutte contre le dopage (CPLD) et ASO – qui ose enfin aller plus loin, peu importe s’il leur faut faire cavalier seul et peu importe si le cadre d’action légal est dépassé. Cela bouscule les habitudes, cela défonce quelques portes, cela remet en question les règles actuelles mais cela est tellement nécessaire, la preuve étant faite qu’avec les outils actuels, la lutte contre le dopage est très limitée.
Mais surtout, cette affaire nous montre toute la sclérose de l’UCI, plus que jamais de connivence avec les équipes pour minimiser le dopage dans le cyclisme. Le ProTour demeure son moyen d’action privilégié pour lui permettre d’imposer ses règles et sa vision du cyclisme, peu importe ce qu’en pensent les organisateurs de courses cyclistes, pourtant souvent là bien avant l’UCI.
Fort heureusement, l’UCI n’est plus assez forte pour maintenir le couvercle sur la marmitte qui est désormais pleine à craquer. Les affaires de dopage se multiplient comme les conflits avec de nombreux autres acteurs du cyclisme et du sport en général. La barque prend l’eau et dans ce contexte, il nous apparaît très sain que de plus en plus d’organismes osent défier l’UCI, osent s’en dissocier. Ce fut d’abord l’AMA, puis ASO et maintenant le regroupement des organisateurs des trois grands tours. L’AFLD, la Fédération Française de Cyclisme, le CPLD sont également de plus en plus critique envers l’inaction de l’UCI. Dans ce cas-ci, l’AFLD n’hésitent pas à aller plus loin que l’UCI et vérifie elle-même pourquoi l’AUT a été délivrée.
Dans ce contexte, deux cyclismes sont peut-être en train d‘émerger progressivement: celui de l’UCI et du ProTour d’un côté et celui des organisateurs des trois grands tours de l’autre. Celui de l’UCI vous offrira un sport-spectacle sur fond d’une mondialisation utopique du cyclisme. Il vous offrira aussi un cyclisme mensonger puisque la lutte contre le dopage sera réduite au minimum. Il vous conviera à vous extasier des exploits d’un Vinokourov sur-vitaminé dans un pseudo Tour de France réduit à 2 semaines seulement (raison évoquée, pour lutter contre le dopage!) ou dans des épreuves d’un jour comme la Hew Classic ou le tout nouveau GP du Japon.
De l’autre, celui proposé par les organisateurs des trois grands tours vous offrira un cyclisme reposant sur ses racines historiques, soit les plus grandes épreuves qui ont façonné la légende de ce sport. Vous y trouverez un peloton peut-être moins nombreux, mais vrai car les coureurs soupçonnés ou convaincus de dopage en seraient exclus et ceux présents astreints à des règles d‘éthique strictes et un suivi de performance méthodique. Vous y trouveriez des courses probablement plus vivantes parce qu’animées par de petites équipes locales aussi sélectionnées par l’organisateur et ayant un fort désir de faire la course, de se montrer.
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